Taina Bofferding : « La crise liée au COVID-19 affecte les sexes de façon différente, avec un impact majeur sur les femmes. »

Présentation de l’étude scientifique du LISER sur l’impact de la crise liée au COVID-19 sur l’égalité femmes-hommes.

Dans le cadre d’une conférence avec table-ronde, la ministre de l’Egalité Taina Bofferding a assisté le 7 mars 2022 à la Maison du Livre sur le site d’Esch/Belval à la présentation des résultats d’une étude réalisée par le Luxembourg Institute of Socio-Economic Research (LISER) sur l’impact de la crise liée au COVID-19 sur l’égalité entre les sexes. 

L’apparition du coronavirus début 2020 et le déclenchement subséquent de l’état de crise au Luxembourg ont eu des impacts sur une multitude de domaines de notre vie quotidienne : la santé en premier lieu, mais également l’emploi, la vie publique, la garde d’enfants, l’éducation, les tâches domestiques ou encore les relations conjugales et familiales. En termes d’égalité entre les sexes, la question qui se pose est celle de savoir comment ces changements radicaux de la vie quotidienne et les mesures prises par le gouvernement ont influencé l’égalité.

Ainsi, le MEGA a mandaté le LISER de mettre le focus sur plusieurs sujets tels que :

·       les différences se rapportant aux aspects de santé directement liés au COVID-19, tels que le nombre des infections, le taux de mortalité ou encore les hospitalisations ;

·       l’impact des mesures introduites par le gouvernement luxembourgeois à la suite du premier confinement, telles que p.ex. le congé pour raisons familiales ou encore le chômage partiel ;

·       l’impact de la crise sur l’égalité entre les sexes au niveau du chômage et des ressources financières ;

·       le recours au télétravail par les femmes et les hommes, ainsi que les différences en terme d’emploi du temps dans le contexte de l’éducation à domicile et dans l’exécution des tâches domestiques ;

·       l’insécurité économique et financière ressentie par les femmes et les hommes ;   

·       les attitudes des femmes et des hommes portées à l’égard des mesures pour endiguer la pandémie, telles que par exemple les « gestes barrières », le testing ou encore l’attitude portée à l’égard de la vaccination contre le COVID-19.  

 

La ministre de l’Egalité Taina Bofferding souligne d’abord que

chaque crise a un impact différent sur les femmes et les hommes. S’il s’agit d’une crise économico-financière, une catastrophe naturelle ou la pandémie dans laquelle nous vivons depuis le début de 2020, les conséquences subies par les sexes sont différentes. Et ce sont avant tout les femmes qui les subissent moins bien.

 

Dans son intervention, la ministre a soulevé les exemples les plus marquants des conséquences différemment subies par les femmes se rapportant à l’emploi, l’organisation intrafamiliale, les interactions sociales ou encore la distribution des tâches domestiques durant les différentes phases du confinement. « Nous constatons par exemple que les femmes ont été plus engagées dans l’éducation des enfants à domicile et il en est de même pour les tâches domestiques. Cette étude montre également que la pandémie risque d’anéantir les avancées en matière d’égalité femmes-hommes. En temps de crise, l'égalité des sexes est un objectif qui est souvent suspendu et a tendance à être considérée comme secondaire. Avoir une base scientifique sous forme d’une étude avec un état des lieux est un premier pas indispensable. Il s’agit d’en tirer les bonnes conclusions et de responsabiliser les différents ministères pour qu’ils mettent en œuvre des politiques plus ciblées sur les sexes. Il ne s'agit pas seulement de rectifier des inégalités de longue date. Nous voulons construire une société plus juste et résilient »

 

 

 

 

Aline Muller, Directeur Général du LISER, a précisé qu’ « une crise ne frappe jamais la population de manière homogène. De par leurs impacts différenciés sur les populations, les crises ont malheureusement trop souvent tendance à exacerber les inégalités. »

 

Elle a en outre rappelé que 

la notion d’inégalité fait référence aux disparités qui existent entre les citoyens de notre société en raison de leurs appartenances sociales, des conditions économiques dans lesquelles ils vivent, mais aussi, du fait de leur genre. Ces inégalités sont façonnées par les circonstances dans lesquelles les citoyens et citoyennes de la société grandissent, sont éduqués, vivent, travaillent et vieillissent. Durant la crise COVID-19, ces inégalités ont également été influencées par les circonstances dans lesquelles les individus ont dû faire face à la crise sanitaire qui nous a frappé depuis 2020. La manière dont les femmes et les hommes ont dû faire faire à la crise ont été différentes par exemple dans l’exposition des mères monoparentales ou à travers certains métiers. » Aline Muller conclut que « la société est en devoir d’interroger les politiques publiques mises en place et leur capacité à protéger les populations les plus exposées et/ou les plus vulnérables. 

Dr Giorgia Menta et Prof Dr Philippe Van Kerm ont d’abord mis l’accent sur les différences entre les sexes dans l’impact de la maladie elle-même, et ont ensuite présenté l’effet de la pandémie et des mesures de confinement sur l'emploi et la vie des familles. « Si les hommes et les femmes ont, globalement, été contaminés dans des proportions similaires, les hommes ont été bien plus nombreux à développer des formes graves de la COVID-19 nécessitant une hospitalisation, une admission en soins intensifs, voire à un décès. Cet écart est très marqué au Luxembourg, mais il a également été observé ailleurs dans le monde », déclare Prof. Van Kerm. « Si les écarts de genre dans les contaminations sont globalement insignifiants, on peut néanmoins observer que les mères de famille ont été plus contaminées, plus que pères de famille – un constat soulignant l’importance des rôles dans le ménage sur le risque d’infection ». 

Dr Bertrand Verheyden souligne que les femmes sont plus enclines à se conformer aux mesures sanitaires que les hommes. « Les femmes ont en effet tendance à être plus préoccupées par les répercussions de la COVID-19 sur leur santé et à avoir une attitude plus prudente face aux situations risquées en général. Ceci dit, même lorsque ces différences sont prises en compte, les femmes restent globalement plus respectueuses des mesures, en particulier le port régulier du masque et le respect des gestes barrières.  Cependant, les femmes ont témoigné plus d’inquiétudes face aux effets secondaires de la vaccination. Les femmes et les hommes ne sont donc pas sensibles aux mêmes aspects de la pandémie. Par conséquent, certaines communications en soutien de ces politiques pourraient gagner en efficacité en étant adaptée selon le genre. »  

Dr Menta ajoute finalement que « l'écart entre les sexes en matière de travail non rémunéré en juin 2020 était qualitativement plus large qu'il ne l'était avant la pandémie. Alors que les deux ont augmenté le temps consacré aux tâches ménagères et à la garde d’enfants, les femmes l’ont fait 30 minutes de plus par jour, en moyenne. Nos résultats suggèrent que les hommes ont raté leur chance d'accroître leur contribution au travail non rémunéré d'une manière qui aurait pu réduire l'écart entre les sexes en ce qui concerne les tâches ménagères et la garde des enfants. » 

 

 

La ministre Taina Bofferding conclut « qu’il importe de discuter les résultats saillants de l’étude avec les acteurs concernés, à commencer par les ministères particulièrement sollicités par la crise, mais aussi avec les partenaires sociaux. L’étude du LISER, la conférence et la table-ronde en ont fait le début. La crise a mis au jour les déficits dans l’organisation de notre société, dont les inégalités entre les sexes qui risquent de s’accentuer durant et après la crise. Voilà pourquoi, nous devons répondre par une politique plus ciblée sur les sexes pour que les futures crises créent moins d’inégalités. »  

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