Nobles chevaliers et demoiselles en détresse

En date du 4 juin 2019, le ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes (« MEGA ») et l’Université du Luxembourg ont présenté les résultats de l’étude #lëtzstereotype18 portant sur les stéréotypes liés aux sexes. L’étude analyse les causes et les facteurs influents sur la construction de stéréotypes auprès de jeunes adolescent(e)s luxembourgeois(e)s âgé(e)s entre 14 et 30 ans qui ont été appelé(e)s à répondre entre novembre et décembre 2018 à un questionnaire exhaustif sur les attitudes, préjugés et stéréotypes qui existent réciproquement auprès des deux sexes.

La présentation des résultats de l’étude #lëtzstereotype18 est le coup d’envoi pour une coopération triennale entre le MEGA et l’Université du Luxembourg dans le cadre d’un projet de thèse doctorale s’étirant sur trois ans intitulée « From Stereotypes to Hostile Sexism - A Psychological Analysis of Conceptions about Gender » réalisée par Miriam-Linnea Hale sous la direction de M. Dr. André Melzer. C’est une grande première qu’une telle analyse scientifique approfondie sera réalisée au Luxembourg.

La lutte contre les stéréotypes est un des objectifs principaux en matière d’égalité entre les sexes. Dès le plus jeune âge, les enfants sont conditionnés, dans leurs différents environnements, par l'assignation à des rôles sociaux spécifiques liés au fait d'être fille ou garçon, homme ou femme. Certaines de ces normes, qui font partie de la socialisation, sont transmises et intégrées de façon inconsciente comme étant naturelles, mais peuvent être source de discrimination et d'inégalité entre les sexes. Les stéréotypes conditionnent les choix pour les études professionnelles et académiques et ont une influence sur la façon comment les deux sexes se voient mutuellement dans le cadre de leurs relations privées et familiales.

Taina Bofferding, ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes, souligne l’importance d’une approche scientifique : « Si l’on veut une société égalitaire entre femmes et hommes, il faut analyser de manière scientifique les causes et identifier les facteurs qui influencent et cimentent les inégalités et les discriminations. Les stéréotypes en représentent un facteur essentiel, du fait qu’ils sont omniprésents dans notre façon de penser la société et nous guident dans nos choix aux niveaux professionnel et privé. »

La ministre vise particulièrement le domaine de l’éducation et de l’enseignement supérieur : « Le choix pour les études et les professions est trop souvent guidé par des stéréotypes liés aux sexes, ce qui empêche nos élèves – filles et garçons – de suivre leurs passions et de bâtir leur parcours académique et professionnel sur leurs vrais talents. La recherche sur les stéréotypes en coopération avec l’Université du Luxembourg est un bond en avant qui nous aide à implémenter nos politiques non seulement au niveau de l’égalité entre femmes et hommes, mais également au niveau de l’orientation scolaire et professionnel. »

Professeur Christine Schiltz, Vice-Doyen de la Faculté des Lettres, des Sciences humaines, des Arts et des Sciences de l'Education estime que les stéréotypes liés aux sexes confirment que l'égalité entre femmes et hommes n'est pas encore une évidence : « Certains concepts de rôles et stéréotypes liés aux deux sexes continuent à exister dans notre société. Ils se sont développés au fil des siècles et sont profondément enracinés dans la conscience culturelle. Nous avons l’ambition d’analyser les stéréotypes sexués auprès des jeunes luxembourgeois(es) et les conséquences y associées et de développer des stratégies pour les surmonter. »

Le responsable du projet de recherche, le professeur André Melzer, commente : « Les résultats de l’étude #lëtzstereotype18 ont démontré la nécessité pour entamer une analyse scientifique approfondie des modèles de pensée liés au genre. Les personnes interrogées s'accordent généralement à dire que les idées sociales sur ce qu'est une femme typique ou un homme typique déterminent les choix et les orientations dans beaucoup de domaines. C'est particulièrement vrai pour le domaine de l’emploi, où les convictions stéréotypées par rapport aux différentes activités professionnelles et les opportunités de carrière pour les femmes et les hommes sont persistantes ».

Professeur Christine Schiltz a finalement conclu que « l'étude #LëtzStéréotype18 ainsi que le projet d’étude doctorale par l'Université du Luxembourg pour le compte du ministère de l'Égalité entre les femmes et les hommes fournissent une base empirique solide pour les mesures de prévention et d'intervention. »

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