Lutte contre les stéréotypes

La lutte contre les stéréotypes liés au sexe est un élément clé de la politique d’égalité luxembourgeoise. Ils affectent chaque domaine de vie et ont une influence majeure sur les choix de vie décisifs d’un individu tels que par exemple l’orientation académique et professionnelle, le modèle de vie familiale, l’attitude individuelle portée respectivement à l’égard des garçons/hommes et des filles/femmes ou encore les images des deux sexes colportées dans les médias.

Une politique visant la déconstruction des stéréotypes sexués présente ainsi d’énormes potentialités pour réaliser une société égalitaire entre femmes et hommes. Dans cette optique, la lutte contre les stéréotypes n’est pas à être considérée comme une démarche isolée, mais représente une condition préalable pour la mise sur pied et la mise en œuvre des différents projets dans les domaines couverts par le ministère dans ses différents départements (Communication, Egalité et société, Egalité et éducation, Egalité et travail). 

D’après la stratégie du Conseil de l’Europe en matière d’égalité entre les femmes et les hommes 2018-2023, les stéréotypes liés au sexe sont « des modèles ou idées sociaux et culturels préconçus qui assignent aux femmes et aux hommes des caractéristiques et des rôles déterminés et limités par leur sexe. Les stéréotypes de genre constituent un sérieux obstacle à la réalisation de l’égalité réelle entre les femmes et les hommes et favorisent la discrimination fondée sur le genre. Ils peuvent limiter le développement des talents et des capacités naturelles des filles et des garçons, des femmes et des hommes, ainsi que leurs préférences et leurs expériences en milieux scolaire ou professionnel et leurs chances dans la vie en général. (…) Les stéréotypes de genre sont à la fois le résultat et la cause d’attitudes, de valeurs, de normes et de préjugés profondément enracinés. Ils sont utilisés pour justifier et maintenir les rapports de pouvoir historiques des hommes sur les femmes, ainsi que les comportements sexistes qui empêchent la progression vers l’égalité entre les femmes et les hommes. »

Les stéréotypes liés au sexe trouvent notamment leur expression dans le rôle subordonné assigné aux femmes par rapport aux hommes qui contribue à traiter les femmes comme des membres faibles de la société. Ils promeuvent le sexisme et le discours de haine ciblant des femmes et surtout la violence à l’égard des femmes et des filles. Les stéréotypes liés aux deux sexes demeurent présents dans les systèmes éducatifs et de garde d’enfants et s’étendent au marché du travail. Ainsi, les stéréotypes sont à la base de la ségrégation horizontale et verticale du marché du travail, où les hommes et les femmes continuent à exercer des activités professionnelles à connotation masculine et féminines et où les hommes sont mieux situés dans les hiérarchies professionnelles par rapport aux femmes pour occuper des postes à responsabilités. Il en résulte que les stéréotypes sexués perpétuent la marginalisation économique et sociale des femmes. 

Bien que le sujet est encore relativement nouveau, le ministère a néanmoins réalisé au cours des dernières années des projets, des campagnes et d’autres initiatives ayant comme objectif la déconstruction des stéréotypes liés aux sexes. A commencer par le « MEGASPILL » en 2014 qui est une version du jeu « Memory ». Il s’agit de thématiser les clichés et les stéréotypes sexués qui peuvent persister dans le monde professionnel et économique, tout en amenant déjà les plus jeunes à réfléchir à la thématique, en jouant un jeu aussi ludique qu’intéressant.

En 2016, le MEGA a élaboré en coopération avec une maison d’édition en Allemagne, trois livrets didactiques dits « PIXI-Buch » au sujet des stéréotypes de genre, notamment sur le thème du sexe sous-représenté dans la vie économique et politique et les stéréotypes en matière de la conciliation entre la vie professionnelle et la vie privée. Ces livrets ont été progressivement publiés en 2017 et 2018 et 2020 et s’adressent aux enfants de l’âge de trois à six ans.  

En février 2018, le gouvernement a présenté sa stratégie pour contrer les stéréotypes qui persistent au niveau des différents rôles perçus pour les hommes et les femmes dans notre société. La campagne #changeyourperspective a remis en question ces stéréotypes sexués dans notre société en utilisant la symbolique du mur pour montrer l’effet contraignant et néfaste des stéréotypes ainsi que d’un marteau, servant à se libérer de cette vision astreignante. 

Ces projets représentent la base pour intensifier les efforts futurs en la matière qui mettent un accent particulier sur la recherche. Pour l’étude #lëtzstereotype18, le MEGA avait chargé l’Université du Luxembourg d’analyser entre septembre et décembre 2018 les causes et les facteurs influents sur la construction de stéréotypes auprès de jeunes luxembourgeois(e)s âgé(e)s entre 14 et 30 ans. 

La présentation des résultats de cette étude a été le coup d’envoi pour un grand projet doctoral triennal intitulé « From Stereotypes to Hostile Sexism - A Psychological Analysis of Conceptions about Gender » dans le cadre de la coopération entre le MEGA et l’Université du Luxembourg. En effet, en juin 2019 a été lancée une nouvelle coopération entre le gouvernement luxembourgeois et l’Institute for Health and Behaviour – Media and Experimental Lab de l’Université du Luxembourg pour étudier les stéréotypes liés aux genres auprès de la jeunesse luxembourgeoise et leur influence sur notre vie quotidienne. Ce projet d’étude doctorale s’étire sur trois ans et sera flanqué par des ateliers de travail, des conférences et des formations. Les résultats serviront de base pour l’orientation future de la politique d’égalité du gouvernement luxembourgeois. C’est la première fois qu’une telle analyse scientifique approfondie est réalisée au Luxembourg. 

En juin 2018, le MEGA a clôturé par une conférence pluridisciplinaire un projet intitulé « Méi Männer an der ausserschoulescher Kannerbetreiung »  (MADAK) réalisé par le bureau de consultation pour hommes et garçons en situation de détresse, INFOMANN, en coopération avec l’Institut für Gender und Diversity à Berlin. Partant du constat que le choix pour les études et les professions est souvent guidé par des stéréotypes liés au sexe, ce projet a eu l’ambition de présenter un exemple concret d’une profession stéréotypée, à savoir l’éducateur/l’éducatrice. L’étude propose un certain nombre de pistes pour augmenter l’attractivité des professions sociales de manière générale, et auprès des garçons en particulier. Ce projet sera poursuivi en 2020 et 2021. 

La lutte contre les stéréotypes ne doit pas s’en arrêter là, sachant qu’ils sont présents, colportés et cimentés dans les médias (traditionnels et nouveaux médias sociaux), dans la publicité et dans les milieux du sport et de la culture. Le défi est donc majeur pour sensibiliser les acteurs dans ces domaines clés et pour initier un changement de mentalités durable en la matière.    

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