"Une nécessité pour la société et pour l'économie"

Luxembourg

Les ministres de l’Égalité des genres et de l’Emploi ont eu un échange sur les voies à suivre pour prendre mieux en compte les besoins des hommes et des femmes pour un meilleur équilibre entre vie familiale et vie professionnelle, lors d’une réunion informelle le 17 juillet 2015 intitulée "Changements sur le marché du travail : un défi pour les femmes et pour les hommes". La Commission a annoncé que qu’elle présentera une nouvelle proposition de directive sur le congé maternité, alors qu’elle vient de retirer l’ancienne proposition de 2008 dans le cadre de son programme "Mieux légiférer".

Lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion, la ministre luxembourgeoise de l’Égalité des chances, Lydia Mutsch, a expliqué que les discussions avaient permis de thématiser un nouveau partage des responsabilités entre hommes et femmes aussi bien dans la vie professionnelle que dans la vie privée. "Il faut créer les conditions permettant une meilleure conciliation" des deux, tant aux femmes qu’aux hommes, a insisté la ministre. Elle s’est félicitée du fait que cette réunion a permis de réunir les ministres de l’Egalité des chances et de l’Emploi, soulignant l’importance du lien entre l’emploi et l’égalité des chances et la nécessité d’adopter une approche pluridisciplinaire.

Selon la ministre, une plus grande participation des femmes sur le marché de l’emploi et dans la prise de décision économique et politique est le "sujet phare" de la politique de l’égalité de l’UE. Ces deux sujets constituent les priorités de la Présidence en la matière, avec la promotion du principe "Gender Mainstreaming" dans les différentes politiques et institutions de l’UE.

La ministre a encore souligné l’importance d’impliquer les hommes dans la politique d’égalité entre hommes et femmes. "Il importe de ne pas seulement considérer les femmes comme les seuls sujets de nos politiques d’égalité, mais de mettre également l’accent sur les hommes", a-t-elle insisté. "Le principe du Gender Mainstreaming doit combiner d’une manière conséquente les perspectives spécifiques des femmes et des hommes", a-t-elle expliqué et ajouté que "les hommes doivent être considérés comme des acteurs qui formulent aussi des revendications en matière d’égalité, comme le font déjà aujourd’hui beaucoup d’hommes qui veulent consacrer plus de temps à leur vie privée".

Marianne Thyssen, la commissaire européenne en charge de l’Emploi, des Affaires sociales, des Compétences et de la Mobilité, a expliqué que la Commission européenne est "résolue" à soutenir l’intégration des femmes dans le marché du travail, ce qui constitue une "nécessité pour la société et l’économie". "L’objectif ultime est de créer un environnement dans lequel femmes et hommes peuvent subvenir aux besoins de leur famille sans devoir renoncer à leur carrière", a-t-elle insisté. Elle a remarqué que le partage du travail rémunéré et du travail non-rémunéré reste "inégal" entre femmes et hommes. Ceci "a un impact sur leurs carrières, leurs salaires, leurs niveaux de retraites et les expose à un risque plus accru de pauvreté, a-t-elle précisé.

La commissaire a par ailleurs annoncé que la Commission présentera une nouvelle proposition de directive sur le congé maternité qui "prendra en compte les changements dans la société dans la dernière décennie" et qui sera "plus adaptée au 21e siècle". Pour rappel, l’ancienne proposition, qui date de 2008, a été retirée par la Commission dans le cadre de son programme "Mieux légiférer". La proposition prévoyait de porter la durée du congé de maternité de 14 à 18 semaines. En 2010, le Parlement européen avait demandé 20 semaines et depuis lors, le dossier était bloqué au niveau du Conseil. "Le Conseil a constaté qu’il n’y a aucun moyen de progresser", a fait savoir Marianne Thyssen qui estime qu’il faut "profiter de l’opportunité de retrait de cette proposition". Elle a encore insisté sur l’importance d’impliquer les partenaires sociaux dans ce débat.

Le ministre du Travail Nicolas Schmit a insisté sur les "écarts considérables" concernant le taux d’emploi entre hommes et femmes qui varient entre 44 % (Grèce) et 77,6 % (Suède). En 2014, le taux d’emploi des femmes dans l’UE était de 63,5 % contre 75 % pour les hommes, selon Eurostat. Le ministre a estimé qu’il ne s’agit pas seulement d’un débat de "valeur", mais d’un débat "économique". "Plus d’égalité est bénéfique au marché du travail, à l’économie et aux entreprises car ils fonctionnent mieux", a-t-il souligné, jugeant que "l’égalité est autant un problème des hommes que des femmes et non pas uniquement des femmes". Il a appelé à intégrer cette dimension dans la révision de la stratégie de croissance Europe 2020, dont un des cinq objectifs est un taux d’emploi de 75 %.

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